Je n’ai jamais aimé les journaux
intimes. J’aime pas me courber pour écrire sur un pauvre bouquin destiné a
resté au fin fond de mon armoire jusqu’à la fin de mes jours. J’ose espérer que
d’ici là, j’aurais une armoire à moi, dans une maison à moi. Parce qu’au fond,
j’aime raconter ma vie à de parfait inconnu. Quoi de mieux que de raconter sa
vie à des personnes que vous ne verrez pratiquement jamais ? Qu’ils vous
jugent ou non, ça ne change rien.
Ce matin, je me lève, du bon pied, il faut que je le
précise. Et rien dans le ciel clair ni sur le sol encore humide qu’aujourd’hui
j’allais passé une journée complètement partagée entre joie et peine. On s’engueule
un peu à propos d’hier, rien de bien long. Le temps de pester un petit coup et
c’était reparti. On accompagne Mamzelle à son oral de bac blanc, le nôtre étant
prévu plus tard dans la journée. Stressée, elle s’en sort, comme toujours. La
matinée passe, les oraux décalés, on mange puis c’est l’instant. Il s’en sort
très mal apparemment. Je m’en tire plutôt pas mal pour un texte jamais étudié.
Et là, je vais vous faire une chute sensationnel. C’est le drame. Pour je ne
sais plus la énième fois, il me déçoit, il me fait mal, et perd dans cet élan
ma confiance que j’avais eu tant de mal a lui redonner. Je m’effondre, j’oublis,
je passe à autre chose. Grossière erreur. Dix minutes plus tard, il me déçoit à
nouveau. Ce n’est plus un drame, juste la passage charnière : Plus de
confiance, plus de promesse, plus d’espoir, plus d’engueulement. Je suis
amorphe. J’ai plus la force de pardonner et de refaire confiance aveuglément.
Avec un léger ton comme sarcastique, elle se pose près de
moi, et semble m’envoyer un « Bonjour Monsieur ». A croire que je ne
suis qu’un pauvre type qui ne sait que donner confiance aveugle et pardonner
comme on achète un pavé de bœuf avec un ticket à la boucherie. Trop. Je ne lui réponds
pas, j’en ai plus envie. Je claque la porte. Et m’en vais.
Conclusion journalière, elle me dégoûte, elle m’insupporte.
Je ne lui fais plus confiance et je souffre en silence. Au fond, je crois que je
n’ai jamais réussi à lui pardonner entièrement…
Quoiqu’il en soit… Je crois que je t’aime plus qu’hier…
Crève l'abcès, l'absurde, l'absent
Crève l'infecte et l'indécent, crève l'injure